Copyright © Nelly Coadic
11 aout 2025
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Les composés organiques volatils (COV) sont un groupe diversifié de substances à l'état gazeux. Ils peuvent être d’origine chimique et émis par certains produits de notre environnement, y compris dans la maison :
… et peuvent être à l’origine d’allergies, de problèmes respiratoires ou cutanés, de troubles métaboliques, etc.
Ils sont aussi d’origine naturelle et présents dans les environnements naturels tels que les forêts, les champs, les plages, etc. et provenir d’émissions végétales ; c’est en quelques sortes le langage des plantes. Ils jouent un rôle essentiel dans les interactions écologiques, y compris celles impliquant les communautés de micro-organismes, tels que les bactéries, les champignons et les archées, qui habitent divers écosystèmes, allant du sol et de l'eau, mais aussi au corps des êtres vivants. Des recherches récentes ont mis en lumière les façons complexes dont les COV influencent la composition du microbiome, la résilience et la santé globale. (1)
Les COV sont libérés par une grande variété d'organismes vivants, notamment les plantes. Dans les forêts, par exemple, les arbres émettent des COV, notamment des terpènes, des alcools, des aldéhydes et des esters dans le cadre de leurs processus métaboliques normaux. Ces composés remplissent de nombreuses fonctions : ils aident les plantes à communiquer, à se défendre contre les agents pathogènes, à attirer les pollinisateurs et à répondre au stress environnemental.
Le microbiome est un terme générique utilisé pour décrire le matériel génétique collectif et les populations de micro-organismes dans un environnement particulier. Ces communautés microbiennes sont essentielles à l'équilibre écologique, au cycle des nutriments et à la santé des hôtes multicellulaires. Dans le contexte humain et animal, le microbiome intestinal est particulièrement essentiel à la digestion, à l'immunité et même à la santé mentale.
L'exposition aux forêts renforce notre système immunitaire (2, 3). Pendant que nous et nos animaux de compagnie respirons l'air
frais, nous inhalons des phytoncides (à ne pas confondre avec phytocides qui est sont des herbicides), des molécules en suspension dans l'air que les plantes libèrent pour se protéger des
insectes notamment. Les phytoncides ont des vertus antibactériennes et antifongiques qui aident les plantes à combattre les maladies. Lorsque les animaux et les humains respirent ces produits
chimiques, le corps réagit en augmentant le nombre et l'activité des globules blancs NK (natural killers) ou lymphocytes NK (4, 5). Ces molécules détruisent les cellules infectées par des tumeurs
et des virus dans notre corps. Dans une étude, l'augmentation de l'activité NK d'un bain de forêt de 3 jours et 2 nuits a duré plus de 30 jours. Des chercheurs japonais étudient actuellement si
l'exposition aux forêts peut aider à prévenir certains types de cancer, et une étude sur des chiens exposés à des extraits de phytoncides de cyprès et de pin a montré une augmentation des
lymphocytes et des mononucléotides, qui sont des indicateurs d'un système immunitaire plus fort 6).
L’exposition à ces COV peut aussi contribuer à réduire le stress et les taux de cortisol. Je prends pour exemple notre Podenco, Malibu, qui est un chien courant (toute considérations idéologiques mises à part) une race conçue pour la chasse et donc un chien de travail. Mais en plus de ses caractéristiques génétiques c’est un chien hyper actif, hyper vigilant, hyperexcitable et hyper attaché. Nous avons un mur d’enceinte dont 50m longent une route de campagne qui mène à notre village, et où il y a pas mal de passage pendant la saison touristique ; piétons, deux-roues, voitures et camions sont une opportunité pour lui de faire 20 allées et venues le long de ce mur le temps qu’ils passent. Si nous ne l’emmenons pas régulièrement á la plage ou en forêt, outre ces constantes courses poursuites et aboiements, il passe des heures à ronger des morceaux de bois (ce qui est une nette améliorations par rapport à son séjour en famille d’accueil avant que nous l’adoptions, et où il détruisait régulièrement télécommandes et téléphones portables…), et il a aussi de petits troubles digestifs.
Mais l'exposition aux COV ne se limite pas à l’environnement extérieur. L'air de la maison peut contenir des concentrations importantes de COV bénéfiques comme de COV nocifs. De nombreux COV naturels comme ceux libérés par les plantes d'intérieur, peuvent aider à maintenir un microbiome intérieur sain, réduisant potentiellement le risque de maladies respiratoires et d'allergies.
Les composés organiques volatils sont bien plus que des polluants atmosphériques ou des parfums de plantes, ils sont des médiateurs essentiels de la santé du microbiome dans les environnements naturels, humains et animaux. En façonnant la composition microbienne, en communiquant des signaux et en influençant la santé de l'hôte, les COV jouent un rôle clé dans le maintien de l'équilibre écologique et la promotion de la résilience. La compréhension et la gestion des interactions entre les COV et le microbiome sont très prometteuses pour améliorer notre santé et celles de nos animaux (de compagnie ou de ferme), la productivité agricole et la durabilité des écosystèmes. Ce n’est pas un hasard si mes poules et mes brebis qui vivent en liberté sur un large terrain, n’ont jamais de parasites internes ou externes.
La recherche continue de découvrir de nouveaux liens
1. Environmental and human health impacts of volatile organic compounds: A perspective review
2. Forest Volatile Organic Compounds and Their Effects on Human Health: A State-of-the-Art Review
3. Effect of forest bathing trips on human immune function
4. Forest bathing enhances human natural killer activity and expression of anti-cancer proteins
5. Effect of phytoncide from trees on human natural killer cell function
6. Effects of Phytoncide Extracts on Antibacterial Activity, Immune Responses, and Stress in Dogs